Edito estival – Ascension des missiles, escalade des conflits

Escalade de la violence avant tout, dans la bande de Gaza, qui connaît son conflit le plus sanglant depuis 2009. Cela fait treize jours que l'enclave palestinienne limitrophe de l'Égypte subit les bombardements de l'armée israélienne. À l'origine de cette escalade qui a embrasé le Proche-Orient, l'enlèvement et le meurtre de trois adolescents israéliens, avec pour écho la mort d'un jeune Palestinien. Par son opération "Bordure protectrice", l'État hébreu s'est donné pour objectif de détruire les infrastructures utilisées par le Hamas pour lancer ses attaques à distance, mais à quel prix... Les conséquences sont lourdes pour les civils, déjà plus de 350 Palestiniens victimes de l'intervention militaire, sans oublier les milliers de blessés, ainsi que plusieurs soldats israéliens tués. Tranquillement retranché dans des bunkers souterrains, avec les civils en première ligne, le Hamas ne pourra toutefois pas compter sur le soutien de l'Égypte. Le maréchal Al-Sissi bloque en effet le poste-frontière de Rafah, où hormis le passage de quelques convois humanitaires, des milliers de Gazaouis fuyant le conflit restent coincés. Avec la fermeture presque permanente de l'unique frontière qui n'est pas contrôlée par Israël, c'est une pressurisation maximale qui se développe dans la bande de Gaza, et bien peu d'espoir que l'escalade des tensions puisse se refréner.

Escalade également diplomatique, qui sur bien des dossiers, est accoutumée à se heurter à un plafond de verre. Nous en avons eu une nouvelle illustration cette semaine, avec le dramatique crash du vol MH17 de Malaysia Airlines en Ukraine. 298 personnes parties d'Amsterdam pour Kuala Lumpur ont péri dans ce qui pourrait être la plus embarrassante méprise entre deux belligérants. L'enquête vient de débuter, mais on avance déjà l'hypothèse d'un missile sol-air tiré "depuis un territoire contrôlé par les séparatistes pro-russes", a affirmé Barack Obama qui enfonce le clou: "cette tragédie révoltante montre qu'il est temps que la paix soit rétablie en Ukraine" avec des enjeux importants "non seulement pour les Ukrainiens, mais aussi pour toute l'Europe". Malheureusement pour elles, les victimes et leurs familles sont d'ores et déjà comme prises en otage par l'escalade diplomatique. Ukrainiens et Russes se renvoient la responsabilité de ce drame, et ce n'est pas sans difficultés que les enquêteurs internationaux de l'OSCE ont pu se rendre sur les lieux de la catastrophe, cerclés par un périmètre de sécurité fantoche. Des hommes en armes les empêchent de travailler, et Kiev accuse même les séparatistes pro-russes d'avoir soustrait des cadavres à la morgue de Donetsk, à des fins de destruction de preuves. De son côté, Moscou brille par son extrême discrétion ces derniers jours, d'autant que pour nombre d'observateurs, il serait naïf d'exclure un soutien balistique russe aux séparatistes ukrainiens. Mais encore une fois, le plafond de verre excelle à entraver l'escalade diplomatique, tant la voix des dirigeants occidentaux semble s'élever dans le désert.